Qu’est-ce que le galuchat ?

Si le cuir traditionnel provient de mammifères terrestres, le galuchat, quant à lui, provient  de différentes espèces d’animaux marins. Plusieurs types de poissons donnent leur peau pour produire ce « cuir marin », comme le saumon, l’esturgeon et bien d’autres, mais les peaux les plus recherchées sont celles de deux cousins sélaciens : le requin « roussette » et la raie « Pastenague » (également appelée raie Sephen).

Selon l’usage souhaité, on pourra utiliser soit de la peau du requin roussette qui donne un galuchat à petits grains, soit de la peau de raie pastenague qui offre quant à elle de gros grains ce qui en fait la peau la plus recherchée car offrant les plus jolis rendus.

Le saviez-vous ? La raie pastenague est très venimeuse et se montre parfois agressive. L’animateur de télévision Steve Irwin en a fait les frais en 2006 ! Pendant un reportage, l’animateur a été attaqué par une Raie qui l’a mortellement blessé lors d’une plongée.

Les écailles de taille variable qui composent le galuchat sont en partie composées d’émail et de dentine, les mêmes matériaux qui composent nos dents, et offrent à la peau tannée une résistance et une robustesse remarquables.

Une fois tannées, les peaux fournissent un cuir parmi les plus résistants au monde grâce à la structure de ses fibres perpendiculaires qui s’apparentent à du contreplaqué.

Le galuchat se présente sous deux aspects :

  • granuleux, faisant la part belle aux écailles ainsi mises en valeurs,
  • ou lisse, grâce à un ponçage méticuleux qui laisse ainsi apparaître la structure en nid d’abeille des écailles.

Les plus belles peaux offrent une ou deux perles centrales et sont très recherchées.

Un peu d’histoire

Utiliser les peaux de poissons est un usage qui remonte à la période féodale du Japon ! Dès le VIIIème siècle on retrouve des objets gainés de galuchat dont les écailles très rugueuses amélioraient la tenue en main des sabres ! Et alors que les samouraïs japonais avaient pris pour habitude de renforcer leurs armures à l’aide de ces peaux très résistantes, en Europe, on utilisait ces peaux comme … abrasif !

C’est un maitre-gainier parisien, Jean-Claude GALLUCHAT, qui utilisera en premier le galuchat pour la décoration.

Le saviez vous ? Jean-Claude Galluchat prend deux L alors que galuchat n’en prend qu’un… Cette anomalie est apparue à la fin du XVIIIème siècle et n’a pas été corrigée, le terme galuchat avec un seul L s’imposant alors naturellement.

Au XVIII siècle, Madame de Pompadour qui aimait les belles choses devient la principale ambassadrice du Galuchat et fait la fortune du Maître-gainier chez qui elle vient très régulièrement enrichir sa collection d’objets.

Devenu la matière de prédilection de la noblesse parisienne, Paris tout entier ne jure plus que par le galuchat.

Le saviez-vous ? Madame de Pompadour s’appelait en réalité Jeanne Antoinette Poisson ! Amusant n’est-ce pas ?

Pourtant cette folie s’estompe et le galuchat tombera un temps dans l’oubli.

C’est pendant l’explosion Art-Déco au XXème siècle que le galuchat retrouvera ses lettres de noblesses et sera de nouveau très largement utilisé.

Un bel exemple de placage de galuchat sur une commode en bois de violette.

A gauche, une peau tannée.

A droite, une peau brute.